Visite du Musée Mémorial et du cimetière anglais de Bayeux

Dernière mise à jour le 3 août 2023

Située à seulement 10 kms des plages du débarquement, Bayeux est une ville étape incontournable sur le circuit de la Seconde Guerre Mondiale. La ville a été exceptionnellement épargnée par les bombardements alliés, préservant ainsi son patrimoine historique, et a été la première ville française libérée.

Bayeux garde de nombreuses traces de cette période et lui rend hommage à plusieurs endroits dont le “pôle mémoire”, dénommé Liberty Alley. Il accueille notamment le Musée Mémorial de la Bataille de Normandie et un Cimetière Britannique. Je vous emmène découvrir ces vestiges de l’Histoire.

Le Musée Mémorial de Bayeux

Difficile de passer à côté du Musée Mémorial de Bayeux sans le remarquer. Trois chars alliés montent la garde devant lui au bord de la route : un Grizzly canadien (proche du Sherman américain), un Churchill anglais et un chasseur de char américain TDM10. Plus loin, un chasseur de char allemand Hetzer garde la porte d’entrée.

A travers 2 300 m², le Musée Mémorial de Bayeux nous plonge de façon assez intéressante dans la bataille de Normandie, de ses préparatifs au débarquement du 6 juin 1944 jusqu’au 29 août 1944 qui marque le passage de la Seine des troupes allemandes. Les espaces s’organisent d’abord chronologiquement. Mais avant de commencer, le Musée a la très bonne idée de vous replacer dans le contexte dès l’entrée. On vous explique les différentes forces en présence avec à gauche les alliés et à droite les allemands. On découvre les principaux membres d’État-Major des deux côtés comme le général américain Eisenhower, le général anglais Montgomery ou le Feldmarschall nazi von Rundstedt.

La visite se poursuit avec les préparatifs de l’opération Overlord, le débarquement le D-Day et la libération de Bayeux le 7 juin 1944 sans trop de résistance allemande. Ce n’est pas le cas sur d’autres terrains de batailles qui nous sont aussi présentées avec les costumes, armes et matériels tant alliés qu’allemands. Les panneaux explicatifs (en français et en anglais) sont nombreux, clairs et synthétiques. Un film d’une trentaine de minutes offre une bonne vue globale de la bataille de Normandie avec des images d’archive.

Un petit espace est consacré au Général De Gaulle qui arriva à Bayeux le 14 juin 1944, rencontra une population enthousiaste et prononça un discours marquant la souveraineté Française. Une copie de ce célèbre Discours de Bayeux est disponible à la lecture et 2 vidéos d’époque retracent le passage du Général dans la ville.

Le musée aborde aussi des thèmes annexes et pourtant indissociables de la guerre comme les conditions sanitaires et l’organisation des soins pendant la bataille, la logistique ou encore le travail des journalistes et des photographes de guerre tels Robert Capa, le seul photographe présent sur Omaha Beach le 6 juin, et Lee Miller, la seule femme à être accréditée correspondante de guerre. Un mémorial des reporters a d’ailleurs été installé juste à côté du musée. A noter que le Prix Bayeux-Calvados-Normandie rend hommage chaque année aux correspondants de guerre.

Vers la fin de l’exposition, un diorama reconstitue la bataille de Falaise dans le sud du Calvados. Mais il manque cruellement de réalisme pour réussir à nous projeter. Quelques véhicules sont également présentés (Jeep, Bulldozer, GMC Radio) mais restent plutôt anecdotiques.

 

Le cimetière britannique de Bayeux

Toujours dans la Liberty Alley, à quelques pas du Musée, se trouve le cimetière britannique. Il est le plus grand cimetière militaire britannique en France avec 4 648 tombes de soldats majoritairement britanniques mais aussi d’autres pays du Commonwealth (Canadiens, Australiens, Néo-Zélandais…). Peu sont décédés à Bayeux. Ils viennent de toute la région, notamment de la plage du débarquement de Sword Beach.

Toutes les tombes sont impeccablement alignées dans ce lieu parfaitement entretenu. Il se dégage une forme de sérénité et de solennité qui forcent au respect. Les sépultures sont souvent décorées des Poppies, les coquelicots symboliques que les britanniques arborent en hommage à leurs soldats. C’est l’équivalent du bleuet français. Je me retrouve face à la tombe d’un soldat de mon âge. Je m’arrête quelques instants en pensant à ce qu’il a vécu ce jour-là.

Face au cimetière, se trouve un monument à la mémoire des soldats du Commonwealth tués au cours de la Bataille de Normandie et qui n’ont pas pu avoir de sépulture. Sur le fronton est gravé “NOS A GULIELMO VICTI VICTORIS PATRIAM LIBERAVIMUS” qui signifie “Nous, autrefois vaincus par Guillaume, avons maintenant libéré la patrie du vainqueur”. Petit clin d’oeil à Guillaume-le-Conquérant, le duc de Normandie devenu Roi d’Angleterre dont la tapisserie raconte l’histoire. 

A lire aussi : Visiter le Cimetière Américain de Colleville-sur-Mer

Sur les traces du débarquement à Bayeux : d’Eisenhower à De Gaulle

D’autres traces ou lieux de mémoire de la bataille de Normandie sont visibles à Bayeux. Le premier est assez incontournable lorsque l’on arrive par la voie rapide depuis Caen : le Général Eisenhower nous accueille sur le rond-point éponyme à l’entrée de la ville. Puis on emprunte le By-Pass, pour contourner la ville. Il s’agit du premier périphérique construit en urgence par les Royal Engineers anglais pour éviter les ruelles étroites de la vieille ville qui étaient de véritables goulots d’étranglement. Ils utilisèrent les bulldozers pour faire place nette et des plaques PSP comme revêtement. On retrouve encore certaines de ces plaques métalliques dans le vieux Bayeux, près de l’Hôtel de la Reine Mathilde le long de l’Aure.

Plus loin, l’ancienne place du Château a été rebaptisée place du Général de Gaulle. C’est sur cette place que le Général a prononcé son Discours de Bayeux le 14 juin 1944. Une stèle marque d’ailleurs l’emplacement et rappelle l’évènement. Une copie du discours se trouve au dos du monument.

Enfin, on retrouve un vitrail en l’honneur des forces alliées à l’intérieur de la cathédrale. Il représente les blasons des bataillons anglais qui ont participé à la bataille de Normandie. Il a été inauguré par la Reine Elisabeth le 6 juin 1989 lors du 45ème anniversaire du débarquement.

Allez, une petite anecdote pour terminer qui m’a été racontée par Claire, guide à l’office du tourisme. Pourquoi Bayeux a t’elle été épargnée par les bombardements ? On raconte qu’au lendemain du débarquement, le prêtre de Saint-Vigor-le-Grand (commune juste à côté de Bayeux) est allé à la rencontre des troupes anglaises. Il leur aurait indiqué que les allemands avaient quitté la ville et qu’il n’était pas nécessaire de la bombarder. Merci Dom Aubourg !

La Seconde Guerre Mondiale autour de Bayeux : de Gold Beach à Omaha Beach

Bayeux est située à seulement 10 kms des plages du débarquement de Gold Beach dans le secteur britannique. Elle n’est pas très loin non plus d’Omaha Beach en secteur américain à l’ouest et de Juno Beach en secteur canadien à l’est.

Du côté de Gold Beach, impossible de manquer la célèbre ville d’Arromanches et son port artificiel. Privés d’un port en eaux profondes, les alliés décident d’en construire un artificiel avec des blocs de béton protégés par des bateaux coulés à leur pied. Ces pontons flottants sont ensuite reliés à la terre par des passerelles pour débarquer tout le matériel logistique nécessaire. Quelques vestiges du Port Mulberry émergent encore aujourd’hui au large dans les eaux de la Manche.

A Arromanches, vous pouvez visiter le Musée du Débarquement ou plonger au coeur de la bataille de Normandie dans le cinéma circulaire à 360°. Je ne les ai jamais testés par contre. Si vous en avez eu l’occasion, n’hésitez pas à partager votre avis en commentaire. Tout près du cinéma, il y a un point du vue en hauteur intéressant sur la ville.

A quelques pas d’Arromanches se trouvent les restes plutôt bien conservés d’une batterie allemande à Longues-sur-Mer. Cet ouvrage important dans le dispositif du mur de l’Atlantique comprend un poste de commandement de tir et quatre casemates avec leur pièce d’artillerie de 150 mm qui sont d’origine. Le site a par ailleurs servi de décor pour une scène du film Le Jour le plus long (1962). Il est classé au titre des Monuments Historiques depuis 2001.

Plus loin dans les terres se trouve le Cimetière militaire du Commonwealth de Bazenville. C’est un petit cimetière discret qui compte 979 tombes, essentiellement de soldats britanniques mais aussi 326 tombes allemandes.

A l’ouest de Bayeux, vous entrez dans le secteur américain d’Omaha Beach à partir de Port-en-Bessin. Je vous recommande vivement d’aller au Cimetière Américain de Colleville-sur-Mer (à 30 min de Bayeux), lieu incontournable et impressionnant sur le front de mer. Vous pouvez descendre jusqu’à la plage du débarquement et en savoir plus sur le D-Day au Visitor Center, petit musée mémorial qui se trouve à l’entrée et qui est gratuit.

Puis à 15 min de là se trouve la Pointe du Hoc, lieu emblématique et célèbre suite à la prise d’assaut par les Rangers du Colonel Rudder le matin du 6 juin 1944. Il reste encore aujourd’hui des vestiges avec des casemates et surtout d’importants cratères qui montrent l’intensité des bombardements.

Enfin, toujours dans le Calvados, aux portes du Cotentin, il y a le Cimetière militaire Allemand de La Cambe qui rend hommage aux 21 222 soldats allemands tombés pendant la bataille de Normandie. 

Questions fréquentes sur le débarquement à Bayeux