Dernière mise à jour le 3 août 2023
Installé dans l’ancien palais épiscopal à côté de la cathédrale, le Musée Baron Gérard présente l’histoire de l’art européen à travers un parcours en 14 étapes dans la collection d’œuvres et d’objets.
Face aux Musées de la Tapisserie et du Mémorial de la bataille de Normandie qui drainent la majorité des visiteurs, le Musée d’Art et d’Histoire Baron-Gérard (MAHB) se fait tout petit. Il mérite pourtant d’être connu. Il est en effet un très bon point de départ pour découvrir Bayeux à travers son histoire et celle de l’art européen. Sa collection est importante : 600 œuvres d’art (Caillebotte, Van Dongen, Boudin…), 800 objets archéologiques et ethnographiques, 800 porcelaines de Bayeux et 100 pièces de dentelle.
Il fait en plus partie de Bayeux Museum, le regroupement des 3 musées de la ville. Vous pouvez ainsi profiter d’un tarif préférentiel avec le Bayeux Museum Pass.
L’ancien palais épiscopal
Dès l’entrée, on est plongé dans l’histoire de la ville. Les murs sont des vestiges d’une chapelle médiévale de style gothique daté de la fin du XIIIe siècle ou début du XIVe. Les vieilles pierres côtoient avec beaucoup d’élégance une architecture moderne de verre et de métal. Le musée est installé ici dans cet ancien palais épiscopal depuis 1901. Il est né à partir de la donation du Baron Gérard, ancien député du Calvados et neveu du peintre néoclassique François Gérard. Il a légué à Bayeux une importante collection de peintures du XIXe siècle.
Le mur d’arcades romanes donne ensuite accès à la salle consacrée à la Préhistoire, première étape du parcours de visite.
De la préhistoire à l’époque médiévale
La région est en effet occupée depuis plus de 250 000 ans. Puis les populations se sont sédentarisées 6 000 ans avant JC. On retrouve ainsi des vestiges de l’époque préhistorique avec des objets en bronze et en pierre. Il y a également une maquette du dolmen de la Pierre-Tourneresse à Cairon à l’ouest de Caen.
Arrive ensuite l’époque Gallo-Romaine et la naissance de la ville de Bayeux au début du 1er siècle sous le nom d’Augustodurum. La citée est protégée à partir du IIIe siècle par un castrum, une enceinte fortifiée dont il reste un vestige au pied de la cathédrale. De cette époque, on retrouve aussi dans le musée des bornes romaines. Bayeux devient à partir de la fin du IVe siècle la résidence d’un évêque.
Au Moyen-Âge, Bayeux est intégrée dans le royaume franc. La région va voir l’arrivée des Vikings qui s’y établiront et créeront le duché de Normandie à partir de 911. La ville va connaître un essor important dans le sillon de Guillaume-le-Conquérant. De cette période va naître la cathédrale voisine qui sera consacrée en 1077 par Odon de Conteville, le demi-frère de Guillaume. Le clergé jouera un rôle important dans la vie et l’organisation de Bayeux.
Le XVIIe siècle, l’ancien tribunal et la chapelle
A l’étage, on pénètre dans le XVIIe siècle qui marque le développement de la ville en dehors de ses murailles et le renforcement du pouvoir épiscopal. On peut d’ailleurs pleinement s’en rendre compte avec le plan de la ville qui trône au centre de la salle et permet de se représenter la configuration de Bayeux à cette époque. Il y a également une représentation de la ville réalisée en 1673 pour l’évêque François de Nesmond.
Il y a de nombreuses tablettes tactiles sur l’ensemble du parcours. Elles permettent d’obtenir des informations sur les collections du musée et offrent un jeu interactif plutôt bienvenu pour les plus jeunes visiteurs. Ils sont invités à une sorte de défi avec des questions sur des œuvres de la salle. Dans chaque salle, il y a également un fascicule qui explique plus en détails l’œuvre la plus remarquable. Malin !
Au fond de la salle, le regard est attiré par un couloir qui débouche sur une salle avec un superbe plafond. Il s’agit en fait de l’ancien tribunal de Bayeux, encore dans son jus avec son mobilier original des années 1840.
A l’arrière de cette salle d’audience se trouve la chapelle palatiale de style Renaissance avec ses peintures murales, parmi les plus importantes de Normandie.
Collection de dentelle et chaises au plafond
La visite prend ensuite un tournant assez inattendu. Lorsque l’on pénètre dans la salle consacrée aux collections du XVIIIe siècle, on tombe sur des chaises accrochées au plafond ! L’installation est plutôt originale et bien faite. La salle joue aussi sur les perspectives avec une ouverture qui donne sur la pièce d’à côté et met en lumière le portrait d’une jeune femme.
On découvre ensuite la dentelle de Bayeux. Cet art a été introduit à l’initiative du pouvoir épiscopal à la fin du XVIIe siècle et réalisé par des religieuses. La dentelle artisanale va connaître un bel essor avec le “Bayeux” en lin ou coton blanc, le “Chantilly” en soie noire et la “Blonde” en soie écrue. La collection présente de belles pièces comme des robes, ombrelles ou morceaux d’étoffe. On nous présente même les 5 étapes de création d’une dentelle avec le dessin, le calque, le carton, la dentelle à partir des fuseaux puis l’assemblage.
La porcelaine de Bayeux et salle Caillebotte
Après la dentelle, place au XIXe siècle avec la salle Caillebotte et ses peintures impressionnistes, notamment les remarquables “Portraits à la campagne”. Cette époque est aussi l’ouverture sur le monde avec la présentation d’objets issus de la conquête coloniale ou de l’exploration scientifique dans le Grand Nord. Avant de terminer par l’art contemporain et notamment un dessin de Matisse, on découvre l’importante tradition de la porcelaine de Bayeux.
Sa manufacture de porcelaine est en effet particulièrement réputée de sa fondation en 1812 jusqu’à sa fermeture en 1951. Pourquoi Bayeux était un centre important pour la porcelaine ? Car sa région regorge de nombreuses matières indispensables à la réalisation de la pâte (kaolin, feldspath) et à sa cuisson à de très hautes températures. L’ancienne enseigne de la manufacture, en porcelaine bien évidemment, est accrochée au mur et visible dès l’entrée du musée. On retrouve également un rappel de cette production artisanale dans les rues de la ville. Les plaques de rue sont en effet en porcelaine (du sud de la France pour le coup) et peinte à la main près de Bayeux.
Fin de la visite. Je suis assez emballé. Les collections et les explications permettent de mieux comprendre Bayeux, sa cathédrale, la construction de la ville et quelques détails qui nous auraient échappés. Je le trouve plutôt adapté au jeune public et beaucoup moins fréquenté (donc plus agréable) que les deux autres musées de la ville.