Dernière mise à jour le 18 juin 2024
Pendant 3 mois, j’ai décidé de me passer totalement de ma voiture et d’essayer le service d’autopartage Citiz à Strasbourg. Comment ça fonctionne ? Combien ça coûte ? Quel bilan suite à cette expérience ? Ai-je abandonné mon véhicule personnel ? Voici mon retour d’expérience.
L’autopartage, c’est quoi ?
Avant d’aller plus loin, connaissez-vous l’autopartage ? Selon la définition du Ministère de l’Ecologie :
“L’autopartage est la mise à disposition de véhicules en libre-service, au profit d’usagers et pour la durée et la destination de leur choix. Les véhicules peuvent appartenir à l’opérateur d’autopartage ou à la collectivité”.
Autrement dit, l’autopartage consiste à louer un véhicule à la demande, selon ses besoins, plutôt que de l’acheter ou de passer par un loueur classique.
Strasbourg a été l’une des pionnières en France. Il y a une vingtaine d’années, quelques habitants partaient du constat qu’ils n’avaient pas besoin de disposer d’une voiture en permanence et décidaient de partager 3 voitures. Ainsi naissait Auto’trement. Devenu Citiz, le service compte plus de 350 voitures partagées dans la région Grand Est et s’est développé dans d’autres villes en France (Grenoble, Lyon, Marseille, Bordeaux…) avec un modèle coopératif.
Pourquoi passer à l’autopartage ?
J’ai toujours eu un véhicule personnel depuis que j’ai un permis, j’aime rouler et j’apprécie la liberté de pouvoir me déplacer comme je veux et quand je veux. Sauf que ma voiture commençait à se faire vieille (plus de 10 ans) et je commençais à me poser la question de son remplacement.
J’habite à Strasbourg, une ville pionnière en matière de multimodalité avec un réseau de transports en commun très développé, première ville cyclable de France et… où la voiture n’est plus la bienvenue, surtout si elle fonctionne au diesel. Au quotidien, je vais au travail à vélo et je marche beaucoup.
J’utilise mon véhicule personnel surtout pour des déplacements professionnels ou des week-end / vacances en famille, plutôt sur de longues distances, soit environ 10 000 km par an. Couplé à l’impossibilité d’installer une borne de recharge, cela exclut la voiture électrique dans le choix d’une éventuelle remplaçante.
Mes besoins en termes de véhicules sont très variés. Je ne roule plus assez pour rentabiliser le diesel, qui est d’ailleurs banni des villes. Une petite voiture suffit pour mes déplacements professionnels mais j’ai davantage besoin d’un break ou d’un monospace pour les trajets en famille. Enfin, le stationnement est particulièrement compliqué dans mon quartier (Neudorf).
J’ai toutefois 3 stations Citiz à quelques mètres de chez moi et je voyais l’autopartage comme un moyen de répondre à plusieurs de mes critères : le choix d’un véhicule selon mes besoins, un stationnement assuré près de chez moi, un véhicule inutilisé de moins sur la chaussée et peut-être des économies à la clé.
A la faveur d’une grosse réparation sur ma voiture, je décide de tester le service en conditions réelles avec un objectif à la fin : décider si je me sépare de ma voiture ou si je la garde. Pendant 3 mois, de février à avril, je ferai comme si je n’avais pas de voiture et utiliserai si nécessaire une Citiz. C’est parti !
Inscription au service Citiz Grand Est
Je choisis de m’inscrire au service d’autopartage Citiz. Plusieurs formules sont disponibles : avec ou sans abonnement, avec un pass mobilité CTS, en free floating (on prend le véhicule là où il est et on le dépose dans sa zone quand on a fini)…
Le tarif est calculé en fonction de la durée d’utilisation (à l’heure, à la journée ou à la semaine), de la catégorie du véhicule (S, M, L, XL ou XXL) et de la distance parcourue.
Mes premières simulations m’indiquent un tarif particulièrement élevé, surtout en comparaison avec des loueurs classiques… jusqu’à ce que je comprenne que le carburant est compris dans le prix !
J’apprends un peu par hasard (rien sur le site web) que j’ai la possibilité de créer un compte personnel via mon entreprise ce qui m’évite de prendre un abonnement supplémentaire et de payer un dépôt de garantie. L’inscription s’est faite par téléphone et échanges de mail pour fournir les justificatifs (attestation de l’employeur, IBAN, permis de conduire). Il n’y a plus qu’à tester !
Ma première location de voiture avec Citiz Grand Est
Je profite d’un déplacement professionnel à Mulhouse pour tester Citiz. La réservation du véhicule se fait via l’application en renseignant la date, la durée, la station, le véhicule et la distance. Le jour J, la voiture m’attend sur la place du marché de Neudorf et peut être déverrouillée avec une carte magnétique ou depuis son téléphone. Je redoutais un peu mais la prise en main du véhicule est très simple et on est bien guidé.
Me voilà à bord d’une Suzuki Swift au toit vert d’eau caractéristique. Les premiers tours de roue sont agréables mais la voiture se montre assez vite inconfortable sur l’autoroute. Le retour me stresse : j’ai indiqué une heure de retour du véhicule mais la circulation est dense. Que va-t’il se passer si je le ramène en retard ? Je découvre un des principes clés de l’autopartage : l’anticipation !
L’autopartage nécessite en effet d’anticiper ses déplacements : savoir quand on prévoit de partir, quand on prévoit de revenir et de quel type de véhicule j’ai besoin. C’est d’autant plus vrai lors de mon premier voyage avec mes filles. Il faut prévoir le temps d’installer le siège bébé et le réhausseur. Surtout, il faut les trimballer jusqu’à la station, avec les petites à gérer.
Par contre, on peut modifier sa réservation très facilement depuis l’application Citiz : prendre le véhicule plus tôt ou repousser de quelques minutes si on sait qu’on aura du retard. Je découvre aussi qu’on paie ce qu’on consomme : si on rend le véhicule plus tôt ou avec moins de kilomètres que prévus, le tarif est révisé à la baisse au moment de la restitution.
Je découvre enfin un avantage considérable de l’autopartage : plus besoin de chercher de place de stationnement au retour. Je prends la voiture à sa station et je la ramène au même endroit, à sa place attitrée.
Rouler en hybride automatique ou en Fiat 500 décapotable
Après mon expérience de conduite mitigée avec la Swift, je teste d’autres modèles proposés par Citiz. J’ai notamment le choix à proximité de chez moi entre des Clio, une Baleno, une Citroën C4 Grand Picasso 7 places ou encore une Toyota Auris Hybride. Avec cette dernière, je découvre les joies de l’hybridation et d’une sensation de conduite très agréable.
C’est le gros point fort de l’autopartage : on peut choisir un véhicule en fonction de ses préférences ou de ses besoins, même une camionnette pour aller chez Ikea. Bon, aussi en fonction de la disponibilité. C’est un autre point noir de l’autopartage : on jongle avec l’offre et la demande. Certaines périodes sont plus demandées que d’autres. Impossible par exemple pour moi d’avoir un véhicule au moment de Pâques.
La solution consiste alors à jongler entre différents services : l’autopartage entre particuliers avec Getaround, la location classique ou d’autres modes de transport comme le train.
Faire le plein de sa Citiz
Au cours de mon expérimentation, je me suis posé de nombreuses questions. Puis-je aller en Allemagne avec ma Citiz ? Oui ! Puis-je me garer dans une autre station, par exemple en ville ? Malheureusement non.
Il y en avait une que je redoutais particulièrement : comment faire le plein de ma Citiz ? Car oui, si la marque se charge de nettoyer et d’entretenir le véhicule, c’est aux utilisateurs de faire le plein. Pas à chaque fois, je vous rassure, mais il est demandé de ramener le véhicule avec minimum ¼ du plein.
Difficile de trouver des informations mais au final, faire le plein de sa Citiz est un jeu d’enfant. Il faut se rendre dans une station essence partenaire (réseau DKV), sortir le petit boîtier de la boite à gant, prendre la carte carburant qui accompagne chaque véhicule et mémoriser le code que le boîtier nous indique. A la pompe, on insère la carte carburant, on saisit le code et le kilométrage, et c’est parti. C’est Citiz qui est directement prélevé.
Dommage par contre que le temps de plein ne soit pas décompté, cela n’encourage pas à prendre ¼ d’heure ou faire un détour pour recharger pour les autres utilisateurs d’après.
Mon avis après 3 mois de voiture en libre-service ?
J’ai réalisé 16 réservations au total en 3 mois et demi pour 1 587 km, soit environ 100 km par réservation. Je suis assez bluffé par l’expérience client. Le service est très facile d’utilisation et le territoire de l’Eurométropole particulièrement bien maillé. Je regrette toutefois de n’avoir pas pu tester de véhicule électrique et que l’offre électrifiée soit très faible.
Bilan financier de l’autopartage
Mon véhicule personnel (Peugeot 308 Hdi) me coûte environ 4 000 euros par an en tenant compte de l’assurance, de l’entretien et de l’achat (amorti sur 10 ans), auxquels il faut rajouter environ 2 500 euros de carburant, soit un total de 6 500 euros / an.
Côté Citiz, j’ai dépensé 713,41 euros au total pour 1 587 km, soit 0,45 cts le km pour des déplacements personnels et professionnels. En extrapolant sur mes 10 000 km par an, cela me reviendrait à 4 500 euros. Très clairement, l’autopartage est une solution plus économique pour moi.
Pourtant, j’ai pris la décision de garder ma voiture. Pourquoi ?
Les points positifs de l’autopartage Citiz
- Plus de problème de stationnement : une place vous attend
- Le coût pour les petits rouleurs : pour moi, c’est 2 500 euros d’économies estimées / an
- Le choix de véhicules : on peut choisir un véhicule en fonction de ses besoins (voiture familiale, utilitaire, petite voiture citadine voire décapotable)
- L’application mobile Citiz pour réserver et déverrouiller le véhicule est très pratique
- Le service client est irréprochable. J’ai eu besoin de les contacter 2 fois : ils ont été très réactifs et très sympathiques
- La démarche écologique : choisir l’autopartage, c’est aussi faire un choix engagé.
Les points négatifs de l’autopartage Citiz
- La disponibilité des véhicules à certaines périodes : on n’est pas toujours certain d’avoir un véhicule à disposition quand on en a besoin.
- L’anticipation : voyager en Citiz demande d’anticiper son départ et son retour. Cela laisse peu de place à l’imprévu voire à l’urgence.
- Une gamme standard avec beaucoup de véhicules peu confortables et faiblement motorisés. C’est bien pour la ville, moins pour l’autoroute. D’autant que j’aurais aimé avoir plus de choix électriques pour la ville ou les déplacements péri-urbains.
- Peu pratique avec des enfants en bas-âge : trimbaler toutes les affaires, les sièges auto, les enfants, c’est une forte contrainte et c’est même parfois dangereux.
- Une vision du coût réel du déplacement : quand on sait qu’on va dépenser 20 euros pour passer 1h chez Papy, on hésite à faire le déplacement. Question que l’on se pose moins quand le coût de son véhicule personnel est dilué.
- Un manque de gamification : je regrette qu’il n’y ait pas un côté plus ludique à l’expérience, un peu comme avec Google Maps ou Foursquare à l’époque. Ce pourrait être gratifiant d’être félicité pour avoir utilisé Citiz pour la première fois, d’avoir fait le plein pour les autres, d’avoir signalé une anomalie… On ne se sent finalement pas vraiment appartenir à une communauté.
Au final, l’autopartage est génial quand on est citadin, vélotaffeur, peu attaché à son véhicule et sans enfant / en bas-âge. J’ai en tout cas franchi un premier pas et je continue à utiliser de temps en temps Citiz en complément de mon véhicule personnel tant que mes filles sont petites.