Dernière mise à jour le 1 novembre 2022
Avez-vous déjà remarqué à quel point les cimetières français et allemands sont différents ? Il faut franchir les murs du Cimetière Nord pour comprendre que la conception du recueillement et du repos éternel est diamétralement opposée.
Ici, entre l’Ill et le Muhlwasser, le visiteur est bien loin de l’univers minéral, froid et dépourvu de végétation que l’on rencontre habituellement en France.
Le cimetière de la Robertsau, lieu paisible de recueillement
Dans le quartier de la Robertsau, le cimetière n’est pas un simple lieu regroupant des sépultures. On y retrouve bien évidemment des tombes mais le lieu ressemble davantage à un parc avec son jardin à la française autour d’une grande pièce d’eau. Les vastes pelouses sont entrecoupées par de longues allées arborées et ombragées.
On y trouve une fontaine ou des bancs, installés ici et là. Les carrés sont délimités avec des haies soigneusement entretenues. Des massifs de rosiers, des conifères et des plantes vivaces poussent dans les plantations du Souvenir.
Dans ce jardin funéraire, on retrouve l’approche germanique du deuil. Le lieu invite à la promenade. Les proches y trouvent du réconfort dans une nature luxuriante et apaisante qui semble indiquer que la vie continue.
Comme un air florentin
Le plus grand cimetière de Strasbourg s’inspire de ce qui se faisait à l’époque outre-Rhin. Il a été aménagé entre 1914 et 1922 selon les plans de Fritz Beblo, l’architecte en chef de la ville à qui l’on doit de nombreuses écoles, les Bains Municipaux ou encore la Grande percée.
On retrouve ici sa signature architecturale avec un travail très sophistiqué dans le vaste bâtiment néo-classique jaune à colonnes qui se reflète sur l’eau. Le panorama nous ferait presque oublier que le bâtiment a accueilli le premier crématoire de la ville à une époque où l’incinération était interdite par la religion catholique.
À la place, il nous fait réfléchir et voyager. Certains y trouvent un air florentin, comme le réalisateur Xavier Palud, qui est venu ici tourner certaines scènes de sa série Intrusion. D’autres apprécieront la vue sur le quartier européen et notamment le Parlement européen qui dépasse des haies.
J’avoue en tout cas m’y sentir davantage dans un parc paisible comme j’ai pu le ressentir au Danemark ou en Allemagne. Seules les tombes et la grande chapelle viennent rappeler le caractère funéraire et religieux du lieu.
Quelques personnalités strasbourgeoises enterrées ici
Le cimetière accueille les tombes de quelques personnalités strasbourgeoises comme Hans Haug, l’ancien directeur des musées de Strasbourg et créateur du jardinet gothique de l’Œuvre Notre-Dame.
Un carré dit du Struthof perpétue également le souvenir des victimes de la barbarie nazie.