Dernière mise à jour le 26 octobre 2022
Chaque ville a son parc incontournable. À Strasbourg, c’est incontestablement le parc de l’Orangerie. Construit dès le 17ème siècle, il est le plus ancien parc de la ville et aussi le plus vaste (26 hectares). C’est probablement le parc préféré des Strasbourgeois qui aiment s’y promener, faire leur jogging, emmener les enfants jouer, pique-niquer…ou faire leurs photos de mariage sous le kiosque ou les arches de la roseraie. À deux pas des institutions européennes, c’est aussi un parc très cosmopolite où l’on entend plusieurs langues se côtoyer.
Pour moi, il est le souvenir des sorties en famille le dimanche quand j’étais enfant, avec nos promenades en barque, nos tours de manège ou nos visites des animaux au mini-zoo. Puis aujourd’hui, c’est ma fille que j’emmène à l’Orangerie. Elle adore jouer dans les aires de jeux pour enfants, venir à vélo, y prendre son goûter et aussi, comme moi à son âge, conduire (ou faire semblant) une voiture ancienne. Si vous ne le connaissez pas encore ou que vous ignorez son histoire et ses trésors, je vous emmène découvrir mon parc préféré de Strasbourg.
Parc de l’Orangerie : pourquoi ce nom ?
Commençons avec un peu d’histoire. En 1692, le maréchal d’Huxelles, commandant de la place de Strasbourg, fait construire une grande allée en direction de la Robertsau pour entraîner les chevaux. Quelques années plus tard, un parc est construit avec deux axes de promenade bordés de tilleuls et d’ormes. Le jardin est réalisé à la française, c’est à dire avec des formes géométriques et régulières comme il est d’usage à cette époque dans le Royaume de France. Il devient rapidement un lieu prisé par les Strasbourgeois.
A la Révolution française, le parc est l’un des lieux de rencontre des Républicains. Au même moment, les 138 orangers du château de Bouxwiller sont confisqués à la famille de Hanau – Lichtenberg puis cédés à la ville en 1801. Un pavillon de plaisance est construit en 1804 par l’architecte Valentin Boudhors pour abriter ces plantes exotiques. Il rend aussi hommage à l’impératrice Joséphine histoire de s’attirer les faveurs de Napoléon. Vous comprenez maintenant assez facilement pourquoi le parc s’appelle l’Orangerie et le Pavillon Joséphine.
En 1968, un incendie détruit le Pavillon Joséphine et la collection d’orangers de 1793. A l’origine en bois, le pavillon a été reconstruit à l’identique mais en pierre cette fois-ci. Quant aux orangers, seuls trois ont survécu à l’incendie et sont conservés dans les serres du parc.
A partir de 1830, le parc prend des allures de jardin à l’anglaise. Il se dote de petites allées sinueuses, de plantations à l’aspect plus sauvage par opposition aux compositions symétriques du jardin à la française.
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Sur les traces de la Grande Exposition de 1895
A la fin du 19ème siècle, Strasbourg devient allemande et doit devenir une vitrine de l’Empire d’un point de vue artistique, architectural mais aussi économique. En 1895, la ville accueille une exposition industrielle et artisanale dans le parc de l’Orangerie qui s’en trouve profondément transformé. A cette occasion, il est agrandi et aménagé. Un lac est creusé, accompagné d’une cascade. Plusieurs pavillons en bois et bâtiments d’exposition ou de restauration sont construits en quelques mois sur une surface de près de 25 000 m². Un grand restaurant avec une salle des fêtes accueille les visiteurs à la place de l’actuel bowling. Devenu vétuste faute d’entretien, il est malheureusement rasé en 1961.
Le seul vestige de la grande exposition de 1895, c’est cette maison paysanne qui trône encore dans le parc. Cette vieille ferme alsacienne datée de 1607 se trouvait à Molsheim. Elle a été démontée pièce par pièce puis transportée à Strasbourg pour être remontée dans le parc de l’Orangerie et servir, à l’origine, comme maison d’habitation du jardinier-chef. Elle accueille aujourd’hui le prestigieux restaurant étoilé de la famille Westermann, le Buerehiesel.
De nombreuses activités pour les enfants
Lorsque je demande à ma fille où elle veut aller jouer, il y a de fortes de chances qu’elle choisisse l’Orangerie. Le parc est à seulement 10 minutes à vélo depuis le Neudorf. On passe le long des bassins jusqu’à l’Église Orthodoxe Russe que ma fille adore avec ses airs de château. Arrivés à l’Orangerie, on a le choix. Il y a en effet 3 aires de jeux pour les enfants : une pour les petits vers le bowling, une en bois de côté du mini-zoo et une dernière avec une structure en forme de bateau près du manège de voitures anciennes. Bref, il y a de quoi varier les plaisirs entre balançoires, pont de singe, toboggans…
De temps en temps, ma fille a le droit à un tour de manège à “l’école de conduite”. Vous verriez son grand sourire quand elle se prend à conduire sa voiture rétro, emmenant papa ou maman en promenade. C’est encore plus marrant de se dire que je faisais pareil à son âge. J’ai aussi le souvenir des promenades en barque. Elles sont toujours là, prisées par les familles et les amoureux. Le cadre s’y prête à merveille en faisant le tour du lac, en passant près de la cascade puis sous le pont pour faire demi-tour au kiosque.
L’autre attraction de l’Orangerie, c’est le mini-zoo. Construit en 1903 par Fritz Beblo, il est l’héritier des anciennes ménageries et se voulait à l’origine autant récréatif que scientifique car il permettait d’observer de nombreux animaux vivants. On y trouve aujourd’hui 48 espèces différentes avec des macaques de Tonkéan, des lynx de Sibérie, des chèvres sauvages de Crète ou encore des flamants rose du Chili. J’avoue ne pas être très à l’aise avec les zoos en général et avec celui-ci en particulier. Les enclos sont petits et le zoo est souvent pointé du doigt pour les conditions de vie de ses animaux. Un important projet de réaménagement est en cours… Mais je préfère quand même aller voir des animaux en liberté ou semi-liberté au parc de Sainte-Croix, au Mundenhof ou plus près au parc Friedel.
Le mini-zoo de l’Orangerie a fermé définitivement ses portes le 6 août 2022. De nouvelles activités pédagogiques devraient être proposées par la ville fin 2023.
Il y a toutefois un animal qui est roi au parc de l’Orangerie, c’est l’incontournable cigogne. L’oiseau emblématique d’Alsace nous accompagne de ses claquements de bec. Le parc accueille le premier centre de réintroduction de la cigogne en Alsace, construit dans les années 1960. On peut y voir les petits cigogneaux qui survoleront ensuite le parc et le quartier des Quinze. En levant les yeux, vous pourrez voir de nombreux nids dans les arbres ou au-dessus du Pavillon Joséphine.
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La Cabane à Livres
Le parc de l’Orangerie est propice à la détente. Si les petits aiment venir y jouer ou faire du vélo, les grands aiment s’y promener, déambuler dans les petites allées, profiter des fleurs ou se poser dans l’herbe pour lire un livre. Vous avez oublié d’en emporter un avec vous ? Pas de souci ! A l’entrée du parc, au croisement du boulevard de l’Orangerie et de la rue Richter, se trouve une jolie petite cabane à livres. Installée ici depuis 2011 à l’initiative du Conseil de Quartier avec le soutien de la ville, elle permet d’emprunter des livres gratuitement et en libre-service. La collection est assez éclectique. On y trouve des livres en français, en allemand, en anglais, témoins du caractère cosmopolite du quartier. Il y a des livres pour les enfants, des revues scientifiques, des livres photos ou encore des romans.
La cabane à livres est actuellement fermée en raison d’un litige entre l’ADIQ, l’association qui la gère, et la ville.
Le concept n’est pas nouveau. Il est inspiré de la Little Free Library né en 2009 dans le Wisconsin aux États-Unis. Mais à l’Orangerie, on est loin de la petite boite dans un coin de rue du quartier. Les livres sont dans une jolie petite maison en bois construite en 2016 par une équipe de Compagnons du Devoir. C’est malheureusement la troisième car les deux précédentes ont été incendiées en 2012 et en 2015. Espérons que celle-ci dure plus longtemps.
Gänseliesel, Hercule terrassant le Lion et autres trésors de l’Orangerie
Le plus grand parc de Strasbourg est richement décoré et possède quelques trésors auxquels on s’attarde finalement assez peu. Avez-vous prêté attention à cette paysanne et son panier poursuivie par une oie ? Il s’agit de Gänseliesel ( littéralement “Lison aux oies”), une figure emblématique de la culture rurale alsacienne. La statue est l’œuvre d’Albert Schutz. Elle se trouvait à l’origine au marché de l’Ancienne Douane puis a été transféré à l’Orangerie en 1900.
Le parc de l’Orangerie compte également 2 sculptures d’Alfred Marzolff. Le nom ne vous évoque peut-être rien mais vous avez déjà vu certaines de ses sculptures dans la ville. Les 4 hommes du Pont Kennedy, c’est lui. Le lion au-dessus de la préfecture, encore lui. La maison richement sculptée à côté du Lycée des Pontonniers ? C’était la sienne, véritable vitrine de son travail. Dans le parc, vous trouverez la première sculpture du côté de l’aire de jeu et du canal de la Marne au Rhin. Il s’agit d’Hercule terrassant le lion. Puis en face du Pavillon Joséphine se dresse le buste du compositeur Victor Nessler.
D’autres œuvres d’art agrémentent les allées du parc. Près du Pavillon Joséphine, une sorte de temple interpelle. Il s’agit du Puit Voleur, une œuvre de l’artiste alsacien Patrick Bailly-Maître-Grand réalisée pour le CEAAC et qui permet d’observer une image de la lune au fond du puit. On peut aussi croiser Pierre Pflimlin, l’ancien maire de Strasbourg et Président du Parlement Européen, se promenant. La statue de bronze a été réalisée en 2007 pour le centième anniversaire de sa naissance. Elle est installée à l’entrée du parc du côté du Conseil de l’Europe. Dans ce même coin, vous trouverez enfin le pavillon d’octroi en forme de petit temple à l’antique en grès rose. Il servait autrefois à prélever la taxe sur les produits en provenance de l’extérieur de la ville. Il est aujourd’hui occupé par une manifestation permanente des Kurdes.
Questions fréquentes sur le Parc de l’Orangerie
Le parc a été construit à partir de 1692 pour entraîner les chevaux de l’armée. Il a été aménagé à la française vers 1730, a accueilli des orangers dans le pavillon Joséphine en 1804 puis a accueilli la grande exposition de 1895.
Le parc a accueilli les 138 orangers du château de Bouxwiller et confisqués à la Révolution. Ils ont brûlé dans l’incendie du pavillon Joséphine en 1968, à l’exception de 3 orangers.
En tram, il faut prendre la ligne E vers la Roberstau et sortir à l’arrêt “Droits de l’Homme”. Il est conseillé de venir à vélo. Sinon des places de parking se trouvent près du Bowling, le long de l’allée de la Robertsau et du Boulevard de l’Orangerie.
Il y a des jeux pour les enfants, un mini-zoo, une promenade en barque, un manège de voitures anciennes, une cabane à livre ou encore des stand de glaces.
A télécharger : Parcours dans le parc de l’Orangerie
PDF 2,2 Mo, Eurométropole de Strasbourg
Comments
2 CommentsJaoudi
Avr 19, 2021J ai visité parc orangerie en octobre 2019.c est lieux qui mérite d être visité.
Cotad
Mai 14, 2021Vous avez parfaitement raison. Probablement le plus beau parc de Strasbourg !